L’hyperactivité
L’hyperactivité ou TDAH est une maladie complexe dont la cause semble multifactorielle
et qui se caractérise par trois symptômes : inattention, hyperactivité et impulsivité.
L’Audio-Psycho-Phonologie
À l'aide de l'hyperactivité
Les chercheurs constatent la présence d’un trouble neurologique. En effet, ils ont observé que, chez les enfants ou les adultes atteints de TDAH, les zones cérébrales responsables de l'attention, du sens de l'organisation et du contrôle des mouvements s’activent de façon anormale ou ont une anatomie singulière. Ils ont aussi noté un déséquilibre dans les taux de certains messagers chimiques (neurotransmetteurs) dans le cerveau, comme la dopamine et la noradrénaline.
Les recherches actuelles parlent de la possibilité d’un facteur héréditaire, mais également de facteurs environnementaux comme l’exposition à des substances toxiques (alcool, tabac, plomb, pesticides, etc.) durant la vie fœtale et d’autres non identifiés. Enfin, les lésions ou infections du cerveau pourraient augmenter le risque de TDAH.
Quelle que soit l’origine, elle semble provoquer des anomalies de développement et de fonctionnement du cerveau qui entraînent une difficulté, chez tous ces enfants, à écouter.
Même si cela ne semble pas évident au premier abord, les travaux du Dr Tomatis montrent que l’oreille est fortement impliquée dans ces trois symptômes. En effet, la fonction ultime de l’oreille n’est pas tant l’audition que l’attention ou, en d’autres termes, l’écoute.
L’oreille est également l’organe sensoriel qui fournit le plus de stimulation au cerveau. Enfin, l’oreille interne contrôle l’équilibre, la coordination et les mouvements.
Oto-rhino-laryngologiste et spécialiste du traitement des troubles de l’audition et du langage, Alfred Tomatis a entrepris dès 1947 des recherches dans les domaines de l’audiologie et de la phonologie qui aboutirent à la formulation d’un certain nombre de lois qui portent désormais le nom d’Effet Tomatis* : "La voix ne reproduit que ce que l'oreille perçoit".
Ces découvertes approfondissent les liens étroits qui existent entre l’oreille, la voix, mais également le système nerveux et la psychologie, d’où l’appellation de cette nouvelle discipline : l’audio-psycho-phonologie.
Rappelons que l’oreille dans son ensemble est constituée de trois parties :
L’oreille externe qui comprend le pavillon et le canal auditif.
L’oreille moyenne avec le tympan et les trois osselets mobilisés par les muscles du marteau et de l’étrier.
L’oreille interne avec le système vestibulaire qui contrôle la posture et la cochlée qui permet l’audition.
Reprenons les symptômes de l’hyperactivité en lien avec les grandes fonctions de l’oreille.
L’inattention est de loin l’aspect le plus handicapant pour les apprentissages qui demandent nécessairement une capacité d’attention et de concentration. Dr Tomatis a bien explicité la différence entre les processus de l'audition et de ceux de l'écoute.
IMPORTANT : une bonne audition n'implique pas nécessairement une bonne écoute.
Passer de l'audition, processus passif de l'ordre de la sensation, à l'écoute, processus actif de l'ordre de la perception, relève à la fois des domaines physiologique et psychique.
Sur le plan physiologique, la fonction d'écoute se réalise grâce à la mobilisation des deux muscles de l'oreille moyenne : le muscle de l'étrier et le muscle du marteau. En jouant sur la tension de la membrane tympanique et sur la pression liquidienne de l'oreille interne, le sujet peut sélectionner les sons qu'il veut écouter et filtrer les sons non désirés.
Le jeu savant de ses muscles protège également les fragiles cellules ciliées de l'oreille interne des sons potentiellement dangereux.
Chez les enfants hyperactifs, le test d’écoute Tomatis met généralement en évidence un défaut de mise en tension de l’oreille moyenne qui se caractérise par une prédominance de la courbe osseuse (réponse de l’oreille interne) sur la courbe aérienne (réponse de l’oreille moyenne). Cette inversion des courbes entraîne une hypersensibilité de l’oreille qui se trouve, de fait, constamment « bombardée » d’informations rendant très difficile la capacité d’accommodation et de concentration.
Par exemple en classe, rapidement la voix du professeur n’est plus discriminée et finie par être « mélangée » avec les bruits ambiants. Ces enfants sont alors incapables de maintenir leur attention et perdent le fil de la conversation et des consignes données.
L'oreille ne se limite pas à transmettre passivement les informations auditives au cerveau, mais au contraire les discrimine de façon très fine, de la même façon que les muscles de l'œil le font pour la vision. Cette capacité de tendre l’oreille, c’est-à-dire d’écouter n’est pas innée et demande beaucoup d’entraînement et de temps.
Nous savons qu’un enfant de 3 ans n’écoute pas comme un enfant de 8 ans et que c’est un long processus de maturation. Ces enfants hyperactifs, en défaut d’attention, ont donc besoin d’être aidés dans ce domaine tout comme d’autres ont besoin de séances d’orthoptie pour rééduquer les muscles oculaires.
Sur le plan psychique
Méthode Tomatis
Il n'y a pas d'écoute sans désir de communiquer. N’y a-t-il pas plus sourd que quelqu’un qui ne veut pas écouter ?
Pendant l’enfance, c’est le désir d’écouter, c’est-à-dire de communiquer, qui sous-tend l'acquisition et la maturation de l'écoute. L’état émotionnel est donc un facteur primordial dans ce processus, d’autant plus qu’il s’agit de jeunes enfants. Lors de nos bilans, nous avons observé que très souvent ces enfants hyperactifs présentent une anxiété qui les maintient dans une constante hyper vigilance. Toutes leurs antennes sensorielles sont maintenues sur le « qui-vive » leur empêchant toute possibilité de se poser et de se concentrer.
La spirale négative se met vite en place : ne pouvant écouter, ils vont vite s’ennuyer en cours et prendre du retard sur les apprentissages. L’accumulation de mauvaises notes les démotivera encore plus pour écouter.
Maintenant l’hyperactivité qui se trouve également affectée par ce qui se joue aux niveaux émotionnel et physique. L’état d’hyper vigilance et d’angoisse (souvent bien masquée chez les enfants) induit l’hyperactivité comme une défense pour fuir ces sentiments négatifs.
Enfin, le fait que l’oreille se trouve constamment « sur-stimulée » par les sons entraîne une surcharge d’énergie sensorielle non canalisée.
La capacité à canaliser son énergie fait défaut. Signalons que cette maturation prend également du temps, ce qui explique que les jeunes enfants sont naturellement sur-excitables par leur environnement.
Or, plus de 80 % de l’énergie sensorielle qui arrive au cerveau provient de l’oreille. La plus grande partie venant du système vestibulaire qui « produit » de l’énergie dès que le corps est mis en mouvement. Rappelons que tous les muscles du corps sont sous le contrôle du vestibule permettant une parfaite intégration corporelle et une bonne coordination. Les mouvements des liquides vestibulaires excitent les cellules ciliées qui transmettent cette information sous forme d’influx nerveux ou « énergie sensorielle ».
La cochlée est stimulée par les sons perçus ou produits. Parler, chanter, écouter ou faire de la musique procurent une grande source d’énergie au cerveau.
Enfin l’impulsivité qui se caractérise par une tendance à interrompre les autres ou à répondre à des questions qui ne sont pas encore terminées, un caractère imprévisible et changeant et des sautes d'humeur fréquentes. Nous avons là clairement le constat d’une immaturité du contrôle des émotions qui entraîne un retard au niveau de l’écoute. Cela indépendamment des capacités intellectuelles de l’enfant.
La méthode Tomatis
La prise en charge des distorsions de l’écoute de ces enfants par la méthode Tomatis leur apporte une aide considérable dans les apprentissages et dans leur vie familiale et sociale.
Le diagnostic se fait lors du bilan Audio-Psycho-Phonologique qui comprend un Bilan d'Écoute.
Cette approche, propre à Tomatis, analyse comment le sujet est capable de mobiliser son audition pour écouter. Un programme individuel est élaboré et ajusté en fonction des tests de contrôle.
En général, la démarche consiste en une première session intensive de 13 jours, (2 à 3 heures par jour) suivie de deux sessions de 7 jours, avec des interruptions de 5 à 7 semaines entre chaque session.
La stimulation auditive est obtenue par un appareil électronique conçu par le Dr Tomatis qui « apprend » à l'oreille à bien écouter. L’Effet Tomatis joue sur les muscles de l'étrier et du marteau avec l'aide de filtres fréquentiels qui alternativement mettent l'oreille au "repos" ou au "travail", c’est-à-dire en relâche ou en tension.
La musique (essentiellement du Mozart) passe par ces filtres et est perçue par l'intermédiaire d'un casque avec conduction aérienne et osseuse. Il s’opère ainsi une véritable "gymnastique auditive".
Cette stimulation touche également le système neurovégétatif grâce à l’innervation du nerf vague (parasympathique) sur l’oreille.
Enfin, les circuits de la communication et du langage sont stimulés en passant par les boucles neurologiques oreille-thalamus-amygdales-cortex.
Grâce aux séances avec les programmes en trois étapes, les enfants se concentrent mieux, gèrent de façon plus appropriée leurs émotions et canalisent mieux leur énergie et sont ainsi apaisés.